Village
en état de siège pour le
vote du conseil municipal de Mandres la semaine
passée, manifestation des
300000 pas à St Dizier sous haute surveillance,
hélicoptère en rase-motte
au-dessus de Bure hier, gendarmes mobiles déployés avec
casques et boucliers
devant le sud du Bois Lejuc ce
matin : on ne peut
pas dire que la préfecture et l'Andra jouent la carte de
la désescalade !
Pourtant la
situation n'est pas rose pour le
projet Cigéo : après une première déconvenue cinglante le
1er août dernier
devant le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc, qui
avait abouti à conclure
à l'illégalité des défrichements dans le Bois Lejuc et y
interrompre tous
travaux, l'Andra s'est à nouveau vue déboutée en appel ce
lundi 22 mai. Et loin
de faire profil bas, elle a continué à laisser
ses vigiles parader autour et dans le Bois Lejuc tout
au long des derniers
mois alors que ceux-ci ont fait l'objet de plusieurs
plaintes pour violences; elle
avait par ailleurs tenté de forcer un passage avec ses
machines dans le
Bois Lejuc en janvier dernier, provoquant le scandale
lorsqu'un de ses
ingénieurs avait versé
de
l'essence sur des militant.es agrippés à une barricade
entravant un chemin
d'accès. Chacune de ses tentatives de passer en force s'est
soldée par une
levée de boucliers et une
amplification de la mobilisation à Bure contribuant à
révéler une stratégie
agressive et précipitée, derrière le vernis d'acceptabilité
sociale mis en
oeuvre au cours de la dernière décennie.
Tant
d'assurance frise l'autisme et témoigne au
mieux d'une dangereuse incompétence et en tout état de cause
d'une consternante
inconséquence. D'une entreprise qui prétend garantir la
sécurité de
l'enfouissement de déchets radioactifs durant plusieurs
dizaines d'années, on
ne peut que s'inquiéter de tant d'amateurisme : au-delà
d'une communication
bancale, de pratiques proprement mafieuses, depuis
plusieurs mois l'Andra
démontre son incapacité la plus totale à faire face à une
situation qui la
dépasse. Les nombreux recours intentés contre l'agence au
cours des derniers
mois dévoilent chaque jour davantage la fragilité d'un
projet Cigéo qui
multiplie les plans sur papier glacé mais peine à en
démontrer la viabilité sur
le terrain.
A travers desétudes
environnementales (volontairement) bâclées, des acquisitions
foncières très agressives, une
politique de
pots-de-vin grossière, l'Andra a dévoilé avec le
village de
Mandres-en-Barrois et le Bois Lejuc un sombre visage pour
l'avenir du sud-Meuse
tout entier : non-contente de graisser
la patte aux conseillers municipaux de ce village de
136 habitant.es pour
s'assurer d'un vote d'échange du bois en sa faveur, elle se
repose depuis
plusieurs mois sur un maire qui se débat pour sauver une
barque prenant l'eau de
tous côtés. Au final, ce n'est pas à Châtenay-Malabry, au
siège francilien de
l'Andra qu'on assumera une
plainte
pour faux et usage de faux contre le maire, ni qu'on
fera face au recours
de 35 habitant.es contre un vote entaché de conflits
d'intérêt, ni même qu'on
devra administrerune
commune divisée et éreintée par des enjeux qui la
dépassent.
La politique de
la carotte et du bâton prend de
plus en plus l'allure du bâton avec une carotte qui a le
goût des fausses
promesses. Les
maires se rebiffent, les langues des riverains se
délient, la
rancoeur s'enracine. Pourtant la préfecture et l'Andra
continuent d'avancer
main dans la main, la première se faisant complice de la
seconde pour dissuader
et intimider l'opposition, aussi bien des militant.es
engagées sur place que
des habitant.es qui hausseraient un peu trop le ton. Les
vexations policières
se multiplient à travers les contrôles et contraventions
routières, de plus en
plus constants, et les convocations en audition libre
pleuvent sur les soutiens
proches de la lutte contre Cigéo.
Sous prétexte
de prévenir des dégradations qui ne
datent pas d'hier mais ont systématiquement touché les
installations de l'Andra
au cours de 20 dernières années, de lutter contre la
radicalité d'une poignée
de militant.es déterminées
à ne pas céder du terrain, la préfecture et son
exécuteur, l'omniprésent
commandant Dubois, recourent depuis peu à des moyens
policiers de plus en plus
hallucinants et disproportionnés : on est passé en quelques
mois aux jeeps et
camions militaires, drones de surveillance, caméras
embusquées, grilles
anti-émeutes dans les rues de Mandres, hélicoptère en ronde
toutes les
semaines, patrouilles quotidiennes filmées devant la Maison
de Résistance,
déploiement systématique de gendarmes mobiles au moindre de
nos évènements.
N'inversons
donc pas les choses : d'avis général,
le climat est bien plus paisible lorsqu'aucun gendarme ou
vigile ne paraît à
l'horizon. S'il doit y avoir des responsables à l'escalade
récente dans la
conflictualité, c'est sans aucun doute la préfecture et
l'Andra qui créent un
climat détestable de tension permanente. Il ne faut dès lors
pas s'étonner que
les esprits s'échauffent devant l'humiliation quotidienne de
contrôles et de la
surveillance, et devant la tension énorme que provoquent les
incursions
policières très régulières aux abords du Bois Lejuc. La
patience est à
bout comme en témoigne entre autres l'explosion de
colère jeudi dernier à
Mandres lorsque les gendarmes ont interrompu et bousculé un
hommage à un
militant décédé pour livrer passage au maire du village. La
communication
ampoulée et ennuyeuse de l'Andra a cédé la place à la
brutalité méprisante de
la préfecture : le ton est donné, si ce n'est de mauvais
gré, le projet Cigéo
s'imposera par la force de la matraque !
C'est cette
logique de violence aveugle qui a
pris le pas à Notre-Dame-des-Landes et déclenché un
formidable élan de
solidarité nationale et internationale. Si ce n'est la
détermination
constructive des alternatives sociales et politiques que
nous opposons à Cigéo
et son monde, ce sera sans aucun doute la répression qui
fait chaque jour de
Bure un peu plus le Notre-Dame-des-Landes de l'est de la
France. Les médias et
centaines de personnes qui affluent depuis des mois ne s'y
trompent pas : ce
n'est plus simplement une histoire de projet
d'enfouissement de déchets
nucléaires mais un aménagement capitaliste et hostile
du monde dont il est
question ici et dans le réseau de plus en plus riche et
dense des zones en
lutte partout dans le monde.
De
Standing Rock à Hambach, en passant
par Nddl ou Rosia Montana, c'est une seule et même lutte
transversale qui se
dessine dans les pratiques et les convictions !
Automédia
de Bure
Contact presse
07 53 54 07 31 / automedia.bure@riseup.net
/ www.vmc.camp
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