REPUBLICAIN LORRAIN - 07/06/2013
ENVIRONNEMENT enfouissement des déchets nucléaires
Bure : les réunions publiques auront lieu coûte que coûte
La
Commission du débat public a engagé, hier, le bras de fer avec les
opposants au projet Cigéo. Elle tient à ce que les treize réunions
restantes aient lieu. En proposant des aménagements. Et en utilisant la
force s’il le faut.
« Il
faut que les réunions publiques aient lieu. » Voilà le message qu’ont
martelé, hier à Bar-le-Duc, les membres de la Commission nationale du
débat public (CNDP), au sortir d’une réunion de crise qui rassemblait
toutes les forces vives concernées par le débat sur Cigéo, ce centre
d’enfouissement des déchets nucléaires prévu pour 2025 en Meuse et
Haute-Marne. « Il y avait des élus, des organisations professionnelles
ou syndicales, une association d’opposants. Ces gens-là ont une
légitimité et demandent à ce que ce débat se tienne », a détaillé Claude
Bernet, qui préside la Commission particulière sur Cigéo. « Ce débat,
c’est une trêve, un moment sacré en démocrati e. Nous devons pouvoir
recueillir d’autres expressions que celles reçues par internet », ont
ajouté Jacques Archimbaud et Laurence Monnoyer-Smith, vice-présidents de
la CNDP.
Là
où le bât blesse, c’est que les autres associations – les plus
radicalement opposées à ce débat – avaient décliné l’invitation à la
conciliation d’hier. Après avoir obtenu l’annulation de la première
réunion le 23 mai à Bure et le report des deux suivantes, elles restent
sur la même ligne de conduite et continuent à appeler au boycott actif. À
commencer par la prochaine réunion publique, programmée finalement
lundi 17 juin à Bar-le-Duc. Elle s’annonce particulièrement chaude. Pour
la simple et bonne raison que les organisateurs déclarent vouloir
passer par la force si besoin. « Nous prendrons les moyens nécessaires
pour que les personnes qui ont l’intention de la perturber ne puissent
pas le faire. Nous les inviterons à sortir et appelons les personnes qui
soutiennent ce débat à nous aider à le mener », préviennent les membres
de la CNDP. Autant dire que l’accueil s’annonce musclé.
De nouvelles règles
Un
durcissement de ton facile à expliquer. L’enjeu va bien au-delà de
Cigéo. Il s’agit de sauver le soldat « débat public ». « S’il n’avait
pas lieu, on irait vers des blocages institutionnels très graves sachant
que les débats qui nous attendent par la suite porteront sur les OGM ou
le gaz de schiste. On ne peut pas se replier sur une gouvernance où le
citoyen n’a plus la parole », a souligné la CNDP.
Pour
y parvenir, hormis la force, la Commission propose diverses mesures.
L’ordre de parole des réunions sera revu, priorité étant donnée à
l’expression du public. Autre souhait : faire intervenir à la tribune
des experts contradictoires et pas uniquement le porteur de projet,
l’Andra (Agence de gestion des déchets nucléaires). Les réunions seront
aussi retransmises en direct sur le site internet du débat. Il est
également question d’expérimenter « des formes nouvelles d’écoute », en
organisant notamment, en plus des treize réunions qui restent à tenir,
une ribambelle de petites rencontres locales. La CNDP se dit enfin prête
à reconsidérer le calendrier pour réussir à instaurer ce dialogue avec
le public. Elle a enfin tenu à rappeler l’importance de ce débat que les
opposants disent truqué : « La décision politique finale n’est pas
acquise. Y aura-t-il un Cigéo ou pas ? La question reste ouverte. »
Philippe MARQUE.
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